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Norblin de La Gourdaine

Jean-Pierre

Misy-sur-Yonne 1745 — Paris 1830

Un Soldat debout, l’épée au côté, désignant derrière lui

Un Soldat assis, la main posée sur une lance

Un Soldat debout, l’épée au côté, désignant derrière lui

Un Soldat assis, la main posée sur une lance

Pierre noire, sanguine, lavis gris et brun, rehauts de gouache blanche sur papier chamois, une paire.
197 x 152 mm (7 3/4 x 5 15/16 in.)

Bibliographie

Konrad Niemira, Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine (1745-1830) : katalog obrazòw traduit par A.-M. Fabianowska, Varsovie, Musée de la Littérature Adam Mickiewicz, 2023, fig. 15-16.

Graveur, peintre et dessinateur, Norblin de la Gourdaine fait son apprentissage auprès de Jacques Philippe Caresme puis travaille dans l’atelier de Francesco Casanova de 1763 à 1771. Il y remplace probablement Philippe-Jacques Loutherbourg qui venait de quitter son maître avec fracas, formant une cabale contre lui. En tant qu’élève ou collaborateur de Casanova, Norblin suit également des cours à l’Académie royale de peinture et de sculpture et y soumet des esquisses en 1769.  C’est probablement parce qu’il se trouve sans avenir à Paris, sans soutien et dans un milieu académique concurrentiel, qu’il décide de partir à Londres puis à Spa vers 1771-17721. En 1774, il s’installe en Pologne, invité semble-t-il par Adam Kazimir Czartoryski et sa femme qu’il avait rencontrés lors de leur voyage à Paris et pour lesquels il travaillera de façon régulière. En Pologne, il se marie et mène sa carrière, travaillant pour différentes familles, notamment les Radziwill. Il exécute pour le roi Stanislas Auguste une peinture dans le style de Watteau et quelques scènes de genre. Norblin connait un certain succès avec ses scènes de fêtes galantes inspirées par le maître de Valenciennes et par Hubert Robert, ainsi qu’avec des représentations de faits historiques et politiques polonais, à l’image du soulèvement du Kosciuszko. Cependant, c’est principalement pour ses dessins que l’artiste est apprécié ; il les vend facilement, à un prix assez soutenu pour le marché polonais et souvent par petits groupes de trois à cinq œuvres2 ; c’est le cas de ces deux œuvres qui appartenaient à une série plus large. Il demeure en Pologne une trentaine d’années mais revient finalement en France. On compte parmi ses élèves polonais le célèbre Aleksander Orlowski, qui sera comme lui très influencé par Salvator Rosa, et par les peintres hollandais, dont Rembrandt en premier lieu.

Ces deux dessins s’inspirent sans les copier des « figurine d’aquaforte »3 de Salvator Rosa, qui représentent des personnages, le plus souvent des soldats, debout ou assis dans diverses positions. Ces gravures exercèrent une influence considérable sur les artistes du xviiie siècle, particulièrement anglais mais pas seulement. C’est probablement dans l’atelier de son maître Casanova, né et formé à Londres, que Norblin a pu les découvrir. Inventif dans sa composition, vigoureux dans le trait et maîtrisant pleinement les effets picturaux que permet le mélange de gouache blanche, de lavis gris et de sanguine, l’artiste produit ici des œuvres destinées à être vendues en série. Il existe en effet plusieurs autres gouaches de mêmes sujet, dimension et technique qui devait former un groupe homogène, probablement divisé au gré des successions et des ventes : Le Guetteur debout le bras levé vers l’horizon, Le Soldat assis devant son bouclier et Le Soldat assis, son bouclier dans le dos (passées en vente en 19984). Deux de ces gouaches sont datées 1776, ce qui permet de dater la série du début de sa période polonaise. Nous remercions chaleureusement Konrad Niemira qui nous a signalé une autre série de soldats exécutés de cette même manière très picturale, mais tendant plus vers la grisaille, et datés de 1780. Trois d’entre eux sont conservés dans les collections du Château Royal de Varsovie (ZKW-dep. FC/441/ab, ZKW-dep. FC/472/ab, ZKW-dep. FC/441/ab) et le quatrième est dans une collection privée.

  1. K. Niemira, “Your money or your life or why Jean Pierre Norblin de la Gourdaine left Paris”, Quart, n° 2 (56) 2020, p. 105 (consulté sur academia.edu).
  2. Op.cit., p. 105.
  3. Ainsi les désigne lui-même Salvator Rosa dans une lettre du 14 octobre 1656 (U. Limentani, « Salvator Rosa, nuovi studi e ricerchi », Italian Studies, 1953, p. 53, n° 3 ; R ; Wallace, The Etchings of Salvator Rosa, Princeton New Jersey, Princeton University Press, 1979, p. 12 ; A. Hoare, The Letters of Salvator Rosa, London, Harvey Miller Publisher, 2018, vol. 1, p. 463).
  4. Paris, vente Rieunier-Bailly, Pommery, 9 mars 1998, lot 15, 16 et 17. Seul le lot 15, Un soldat assis, son bouclier derrière son dos, est plus petit (165 x 120 mm).