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Mertens

Charles Joseph

Anvers 1865 — Calverley, Angleterre 1919

Dans l’Atelier

Huile sur panneau d’acajou.
Signé, daté et localisé Ch. Mertens/ 86 Antw(erpen).
22 x 17 cm (8 10/16 x 6 11/16 in.)

Un tableau retourné et posé négligemment contre le mur du fond nous indique que nous sommes dans un atelier d’artiste. Un jeune sculpteur ou un assistant assis sur une chaise, termine ou nettoie un plâtre représentant la Vénus de Milo. La facture de cette œuvre de jeunesse est rapide, vive, la lumière intelligemment posée ; il s’agit d’un instantané de la vie dans les ateliers.

Fils d’un orfèvre, neveu d’un compositeur et chef d’orchestre, Mertens étudie à l’Académie royale des beaux- Arts d’Anvers de 1876 à 1885, notamment sous l’enseignement de Charles Verlat (1824-1890), peintre de genre et de scènes orientalistes qui fut aussi brièvement le professeur de Vincent Van Gogh. En 1883, Mertens devient membre de l’Union artistique des jeunes plus connu sous le nom de groupe Als Ik Kan (Si je peux), du nom de leur motto, créée pour permettre aux jeunes artistes d’exposer leur travail indépendamment des circuits officiels et qui comprend également parmi ses membres le peintre, architecte et théoricien du Jugensdstil Henry Van de Velde (1863-1957). En 1886, date de cette œuvre, Mertens, qui n’a même pas vingt ans, est nommé professeur à l’Académie des beaux-arts, preuve de sa maturité. Il est l’un des membres fondateurs de l’association De XIII (cercle des XIII) la même année, groupe sécessionniste sur le modèle des XX de Bruxelles visant à organiser des expositions en dehors des salons traditionnels.

Jusqu’au début des années 1890, Mertens connait un vrai succès avec ses petites scènes de genre et vues de villes dans un style lisse et technique, dans le genre de celles peintes par un autre de ses maîtres, Henri de Braekeleer. Il évolue par la suite vers plus d’atmosphère et de lumière, peignant par petites touches influencé par les Impressionnistes. Il peint alors de nombreuses scènes relatives à la vie des pêcheurs, à l’activité de la navigation fluviale, notamment en Zélande, des portraits de pêcheurs, comme dans Couple de Zélande (musées royaux des Beaux-Arts d’Anvers) effigie simple et digne d’un couple de pêcheurs réalisée au pastel dans des tonalités mélancoliques. Les musées royaux des beaux-arts de Belgique à Bruxelles possèdent deux beaux tableaux, La famille zélandaise et le Portrait du peintre anversois Jules Lambeaux dans son atelier (1885). Ses œuvres tendent alors vers le symbolisme. En 1894, il devient membre correspondant de la Sécession de Munich. En 1898 et 1901, il expose à la Libre Esthétique de Bruxelles. En 1907, il reçoit commande de la décoration du plafond de l’Opéra d’Anvers. Mertens est aussi un dessinateur habile et un graveur prolifique, ses portraits « d’une main à la Holbein1 » sont très appréciés par ses contemporains.

Les hommes au travail dans leurs ateliers sont parmi ses thèmes de prédilection. Il portraiture ses amis peintres assis devant leur chevalet, Jules Lambeaux et Pieter van Havermaet parmi d’autres, mais s’intéresse aussi aux petits métiers, cordonnier, ciseleur, tailleurs, en peinture comme en gravure. Dans ce tableau peint comme une esquisse, il représente peut- être de l’un de ses jeunes camarades étudiant à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers dont il était sorti l’année précédente. La sculpture apparait également dans une scène d’intérieur peinte en 1887 représentant une jeune femme assise dans un coin d’atelier et regardant une gravure, A close look2.

  1. Camille Lemonnier, cité dans Gérald Schur, Les petits maîtres de la peinture 1892-1920, Paris 1895, article Mertens.
  2. Christie’s Amsterdam, 2/05/1990, Lot 121.