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Rolli

Giuseppe Maria

Bologne 1645 — 1727

Figure allégorique de l’Écosse, tenant une épée et un cheval par les reines, un écu orné de trois lions rampants à ses côtés

Plume et encre brun sombre, rehauts de sanguine et rehauts de blanc dans le visage.
Inscrit Canuti à la plume et encre brune en bas à gauche.
384 x 296 mm (15 1/4 x 11 3/4 in.)

Bibliographie

Ebria Feinblatt, “Some Drawings by Giuseppe Rolli identified”, in Master Drawings, Vol. 20, no. 1 (Printemps, 1982), p. 25-28 et 76-85, pl. 34.

Cette feuille, exceptionnelle par son échelle imposante et par son dynamisme, est une étude préparatoire à l’un des quatre médaillons allégoriques qui entourent L’Apothéose de la famille Marescotti peinte par Giuseppe Maria Rolli en collaboration avec son frère le quadraturiste Antonio Rolli sur le plafond du salon de bal du palais Marescotti à Bologne, vers 1687-1709. Giampietro Zanotti, qui évoque ces décors fastueux, précise qu’ils valurent à Giuseppe Maria Rolli « beaucoup d’honneur1 ». Le palais, modernisé vers 1680 par son propriétaire Raniere Marescotti, fut décoré par les meilleurs artistes bolonais de l’époque, Domenico Maria Canuti, Marcantonio Franceschini et Rolli. Le musée des Offices à Florence conserve une autre étude en rapport avec ce décor, sous une ancienne attribution à Canuti.

Les quatre médaillons sont des personnifications de lieux en rapport avec l’histoire de la famille. Le médaillon que prépare notre dessin représente l’Écosse, pour rappeler les origines anciennes de la famille. Au VIIIe siècle, en effet, un guerrier écossais du clan Douglas, connu en Italie sous le nom de Mario Scotto, aurait combattu les Lombards aux côtés de Charlemagne. Fervent catholique et défenseur du pape, il aurait participé à plusieurs campagnes militaires contre les Saxons, avant de se marier et de s’installer en Italie. En 1707, avec l’Union Act, l’Écosse fusionne avec l’Angleterre et ce sont donc les trois lions rampants de l’Angleterre qui sont représentés sur l’écu tenu par l’allégorie tandis que la licorne écossaise est suggérée par association d’idées entre la tête du cheval et la longue épée qui évoque sa corne. La famille aurait ensuite essaimé dans plusieurs villes italiennes, parmi lesquelles Bologne, Rome et Sienne, que l’on identifie dans les trois autres médaillons.

Giuseppe Maria Rolli, parfois appelé Gioseffo Roli dans les sources anciennes2, fut un élève de Giovanni Battista Caccioti puis du plus célèbre Domenico Maria Canuti (1626- 1684) dont l’apprentissage auprès de l’Albane, de Guido Reni et de Guercino avait été strictement bolonais. Giuseppe Maria Rolli et son frère se firent connaître par leurs décors illusionnistes à grande échelle dans les églises San Bartolomeo (1689), San Paolo Maggiore (1695-1699) et San Giovanni dei Fiorentini (1699) ainsi que dans les palais Marescotti et Brazzetti, dans la Casa Ranuzzi et la Casa Mitiand Isolani. Ils menèrent également d’autres projets à Pise ainsi qu’en Allemagne, où ils voyagèrent en 1704 selon Luigi Crespi3, pour décorer le château Rastatt du prince de Baden. Rolli semble avoir cessé de peindre quelque temps après avoir reçu en héritage confortable un commerce prospère mais il fut obligé de se remettre à la peinture dans ses dernières années, avec moins de succès4.

Le style de cette feuille, éminemment graphique par l’usage à la fois décoratif et vigoureux de la plume et de l’encre brune, doit beaucoup à la manière de Canuti et, comme la plupart des dessins de Rolli, se rattache à une tradition typiquement bolonaise du dessin.

  1. Giampietro Zanotti, Storia dell’Accademia Clementina di Bologna, vol. 1, Bologne, 1739, p. 408.
  2. Pellegrino Antoni Orlandi, Abecedario pittorico, Naples 1763, p. 202; Zanotti, op. cit., p. 405-414.
  3. Luigi Crespi, Vite de’ pittori bolognesi non descrite nella Felsina Pittrice alla maesta di Carlo Emanuele III re di Sardegna, Rome, Pagliarini, 1764, p. 124.
  4. Zanotti, op. cit., p. 413.