
Kniep
Christian Heinrich
La nymphe Callisto séduite par Jupiter sous les traits de Diane, dans un paysage de cascades
Graphite.
640 x 54,5 mm (25 3/16 x 21 7/16 in.)
Cet artiste allemand, formé au décor de théâtre à Hanovre puis au portrait, s’installe à Rome en 1781 où il se tourne vers le dessin de vedute et de paysages. Par l’intermédiaire de son compatriote le peintre Johann Heinrich Tishbein, il rencontre Goethe qu’il accompagne lors de son voyage à Naples et en Sicile en 1787-1788, devenant son professeur de dessin. Goethe utilisera certaines œuvres de Kniep pour illustrer son ouvrage Voyage en Italie (1816-1817). Kniep ne retournera pas à Rome avec le poète, préférant s’installer à Naples où il restera jusqu’à la fin de ses jours.
Il dessine architecture et végétation avec une grande précision, n’omettant aucun détail de feuillage, de roche, de topographie. Notre feuille, dont la dimension est spectaculaire, représente l’épisode des Métamorphoses d’Ovide qui raconte comment Jupiter séduit la nymphe Callisto sous les traits de Diane, pendant le bain des compagnes de la déesse chasseresse. Elle peut être comparée avec plusieurs œuvres dessinées par l’artiste, notamment des feuilles conservées au Cooper Hewitt Museum à New York dont la plupart sont signées sur leur montage d’origine, et datées et localisées vers le début du XIXe siècle à Naples.
On peut citer, pour une comparaison plus précise, un dessin représentant une figure féminine drapée à l’antique se lamentant dans un paysage, peut-être Sapho, daté de 1824 (Inv. 1938-88-6507) et un autre représentant un pêcheur assis avec une femme dans une grotte devant le bord de mer, des barques et des bateaux au second plan (Inv. 1938-88-6506). L’un est un sujet tiré de la littérature antique, l’autre un sujet pittoresque. Tous deux possèdent les mêmes caractéristiques que notre feuille : un crayon de graphite à la teinte claire et peu appuyée, un trait extrêmement précis, une profusion de détails végétaux et minéraux, la simplification des visages et des anatomies des personnages, dont les poses rappellent des sculptures. L’influence de la statuaire antique est en effet perceptible dans les corps très structurés des figures féminines ; l’artiste cite par exemple la Venus genitrix de Callimaque connue par une copie romaine (Louvre) et l’adapte au thème du bain tout en inversant le chiasme.
Les dessins de Kniep sont extrêmement construits, ses paysages observés de façon analytique, comme s’ils étaient des architectures, et restitués tout en volumes et en ornements. La monochromie est une autre de leur caractéristique commune, qui accentue leur aspect minéral. Kniep utilise parfois la sanguine mais ne la mélange pas à la pierre noire ou au graphite. Il réalise également quelques vues d’architectures antiques soignées à la plume rehaussée d’aquarelle.
Ses études à la plume et au lavis, par exemple les Vendanges dans le golfe de Naples (Metropolitan Museum, Inv. 2009.404) et celles à la sanguine (plusieurs études d’épitaphes passées en vente ces dernières années) offrent, malgré la différence de médium, des caractéristiques communes à celles de ses études au graphite ou à la pierre noire, particulièrement une même vision néoclassique précise, méticuleuse et sûre.