Guardi
Giacomo
Venise 1764 — 1835
Veduta della piazza di San Marco
Tempera.
Inscrit et signé au verso Veduta della piazza di S. Marco Reccapito all’Ospedaletto in calle del Peruchier al N° 5245 dimandar / Giacomo de Guardi.
240 x 150 mm (9 7/16 x 5 15/16 in.)
Veduta del Ponte Rialto
Tempera.
Inscrit et signé au verso Reccapito all’Ospedaletto in calle del Peruchier al N° 5245 dimandar/ Giacomo de Guardi.
240 x 150 mm (9 7/16 x 5 15/16 in.)
Fils du célèbre Francesco Guardi (1712 – 1793), Giacomo fut, comme lui, un peintre de paysages urbains, dit aussi vedute, à l’huile et à la gouache ou à la tempera. Il travailla en collaboration avec son père pendant au moins dix ans, entre 1780 et la mort de ce dernier, c’est-à-dire à l’époque où sa carrière connaissait une reconnaissance particulière dans sa ville natale : en 1782, Francesco fut chargé de préparer des peintures pour la réception du pape Pie VI et, la même année, exécuta une série de vedute pour les comtes du Nord, c’est-à-dire le tsarévitch Paul Petrovitch fils de Catherine la Grande et son épouse Zarevna Maria Fedorovna ; en 1784, il fut accepté à l’Académie de peinture de Venise qui l’avait longtemps refusé à cause de son genre de prédilection, le paysage, considéré comme mineur. Des dessins de décors de théâtre datés de 1787 et conservés au musée Correr montrent la collaboration du père et du fils. Si l’on sait que Giacomo a continué l’art de son père après la mort de celui-ci, c’est-à-dire continué à produire et vendre des vedute peintes en appliquant les recettes apprises auprès de Francesco, il n’est pas toujours facile de distinguer les peintures tardives de Francesco et celles de Giacomo. Le père et le fils ont volontairement brouillé les pistes en signant indifféremment les œuvres de l’un ou l’autre de leurs noms.
En ce qui concerne les tempéras en revanche, le style de Giacomo ne peut se confondre, particulièrement celui des cartoline, petites vues schématiques et colorées à l’exemple de celles que nous présentons ici, destinées aux touristes des rues comme souvenirs à emporter et à coller dans des albums de voyage. La plupart portent au verso des inscriptions similaires à celles que l’on trouve au dos des nôtres : l’artiste essaie de faire sa promotion et indiquent aux touristes comment le trouver. Ainsi, on trouve la même inscription au verso d’une gouache représentant la Piazza di San Marco avec un cadrage légèrement différent1 et une inscription proche au verso d’une gouache représentant le pont du Rialto2. Giacomo Guardi fit des vues de toute la ville, mais celles-ci, parmi les sites les plus emblématiques de la ville, sont les plus représentées dans son œuvre et étaient certainement les plus recherchées par les visiteurs de la ville.
Sa fin de vie fut difficile ; n’ayant pas le talent de son père, il lui fut difficile de renouveler un stock suffisamment plaisant pour lui assurer des revenus corrects. Le musée Correr conserve une centaine de ses œuvres sur papier, la plupart signées. Bien que souvent méprisées pour leur côté un peu systématique, ces cartoline de Giacomo sont non seulement de charmantes évocations de la Sérénissime mais aussi profondément évocatrices des débuts du tourisme et du voyage culturel. Leur lumière artificielle, un peu fantomatique, fait tout leur charme et a sans doute contribué à la réputation de mélancolie de la ville.
- Christie’s Londre, 25 Juin 1974, lot 200.
- Christie’s Londre, 15 Decembre 1992, lot 141: « veduta del’ ponte di Rialto / all’ospedaletto in SS Giov e Paolo N° 5245 dimandar / Giacomo de Guardi ».