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École Florentine

Début XVIIe

Feuille d’études avec une tête d’homme,
un homme à mi-corps,
une étude de drapé et un chapeau

Sanguine et pierre noire, filigrane M et étoile dans un écusson.
240 x 317 mm (9 3/8 x 12 3/8 in)

Incontestablement florentine et datant du tout début du XVIIe siècle, cette feuille d’étude est typique du travail graphique des artistes qui multiplient études de drapés, d’anatomies et de visages, dans le sillage à la fois du caravagisme, de la réforme des Carrache à Bologne et des exigences de la Contre-Réforme sur le plan artistique. Il est parfois difficile de distinguer les mains de ces dessins d’étude et dans le cas de notre feuille, de nombreux noms viennent à l’esprit. Cette manière de mélanger la pierre noire et la sanguine est marquée par l’influence prégnante de Federico Zuccaro (1543 – 1609), notamment du très beau portrait de son frère Taddeo vu de profil (Louvre, Département des Arts graphiques, Inv. 4591) : on y observe une semblable manière de cerner les contours et de mêler par de fines hachures la pierre noire et la sanguine afin de donner à la peau une couleur vraisemblable et vivante, un même intérêt pour les détails du vivant, les petites rides du coin des yeux, les plis de la peaux… Dans notre feuille, comme dans celles de Zuccaro, la vivacité du regard et la sincérité de l’expression sont exceptionnelles.

De nombreux artistes à Rome et à Florence ont tiré profit de la leçon de Zuccaro. Le Cavalier d’Arpin, Cristofano Allori, Santi di Tito, Matteo Rosselli, Cosimo Gamberucci, et Carlo Dolci plus tardivement, utilisent ce mélange de pierre noire et de sanguine pour donner pleinement à leurs portraits l’illusion de la vie. Santi di Tito, qui avait travaillé à Rome avec Zuccaro et qui avait à Florence un des ateliers les plus courus, semble avoir été une courroie de transmission de premier plan dans la diffusion de cette manière de dessiner. Mais aucun de ces artistes auxquels on pense en premier lieu, adeptes de cette façon si caractéristique, ne semble être l’auteur de notre feuille. Soit la main révèle quelques différences de trait incompatibles, soit notre feuille est de bien meilleure qualité par sa franche spontanéité et la proximité intemporelle qu’elle instaure entre le modèle et le spectateur.

Les trois études à la sanguine – le jeune homme, le chapeau et le drapé – n’ont pour leur part pas d’équivalent dans l’œuvre graphique de Zuccaro. Ces croquis se rapprochent plus des exercices de dessin d’observation développés à Florence dans les ateliers, notamment de celui de Santi di Tito. Ils rappellent Matteo Rosselli ou Cosimo Gamberucci. Au Louvre, une Tête de vieillard de Matteo Rosselli, préparatoire pour un personnage de la Cène peinte en 1634 dans le réfectoire de l’abbaye de Montesenario, se rapproche d’ailleurs de notre dessin. Mais les études les plus comparables à la nôtre sont, en l’état actuel des connaissances, celles de Teofilo Torri, rassemblées dans un album conservé à Arezzo. On y trouve des feuilles qui comportent différentes études de personnages assis ou debout, de visages et de portraits aux regards directs et expressifs. Même si le trait de ce peintre d’Arezzo, élève de Giorgio Vasari, n’a pas toujours la simplicité de notre dessin, ses feuilles partagent avec la nôtre une vraie sensibilité commune et une atmosphère à la fois légèrement rustique et profondément sensible.