
Castello
Giovanni Battista, il Genovese
Gênes 1549 — 1639
Naissance de la Vierge
Pierre noire, plume et encre brune, lavis brun.
Daté 1586 à la plume sur le rebord de la marche à droite par l’artiste.
Inscrit postérieurement de Bernard Castelli à la plume sur la base de la colonne à droite. Collé en plein.
228 x 172 mm (9 x 7 in.)
Agnese Marengo et Maurizio Romanengo, Straordinario e quotidiano da Strozzi a Magnasco. Umane contraddizioni negli occhi dei pittori, SAGEP, 2023, p. 42-43, n°I.4, illustré, notice par Valentina Frascarolo.
Fils d’un maître tailleur, Giovanni Battista Castello s’installe comme maître orfèvre en 1570 et travaille dans ce domaine pendant au moins cinq, commerçant fructueusement avec l’Espagne avant de se reconvertir dans la peinture en miniature de scènes religieuses, œuvres raffinées et destinées à la dévotion privée. Proche de Luca Cambiaso, il bénéficie de ses conseils, ce qui est manifeste dans sa manière graphique. Célébré de son vivant et tout au long du XVIIe siècle par d’importants poètes et hommes de lettres qui le considèrent comme le meilleur miniaturiste de son temps, le « diligentissimo » Castello voit sa célébrité s’étendre jusqu’en Espagne : Philippe II l’invite, comme Cambiaso, à travailler à l’Escorial où il séjourne probablement entre 1583 et 1585.
Bien que les miniatures de Castello soient nombreuses, ses dessins sont plus rares. Malgré l’inscription ultérieure faisant référence au frère de l’artiste, Bernardo Castello, ce dessin est typique de la manière graphique du miniaturiste. La feuille appartient à une série consacrée à la vie de la Vierge et réalisée en 1586. Au moins quatre autres dessins de cette série sont répertoriés, de dimensions semblables et tous datés de la même année. Trois sont passées en vente : Le Mariage de la Vierge1 et, dans un même lot, L’Annonciation2 et La Mort de la Vierge (non reproduite). Une Visitation a été publiée par Mary Newcome Schleier3 et Elena de Laurentiis4. Selon cette dernière, il s’agit de dessins très finis qui constituent des prototypes pour des miniatures sur parchemin, dont les compositions ont été répliquées par Castello tout au long de sa carrière. Ainsi la composition de La Visitation est reprise dans une miniature de la même année (collection privée)5 et celle du Mariage de la Vierge est reprise dans deux miniatures au moins, l’une en 15896 et l’autre, destinée à son fils aîné Giovanni Gregorio, bien plus tardive7. C’est par un autre des fils de l’artiste, Geronimo Castello, miniaturiste lui-aussi, que notre composition a été traduite en miniature, ainsi que nous l’a aimablement indiqué Elena de Laurentiis.
C’est donc l’année de la naissance de son premier fils, Giovanni Gregorio,8 que Castello réalise ce dessin illustrant le thème de la Naissance de la Vierge avec un certain réalisme. Omettant tout élément divin, il représente sainte Anne de façon touchante : allongée dans son lit, celle-ci évoque plus une accouchée épuisée qu’une sainte. La petite Marie est confiée aux nourrices tandis que derrière elle, deux autres nouveau-nés sont allaités, détail assez rare dans ce sujet normalement consacré à la Vierge. Le motif du groupe de la nourrice vue de face, un nouveau-né dans les bras et un enfant appuyé à sa droite, est une citation directe d’un dessin de son maître et ami Luca Cambiaso, comme nous l’a aimablement signalé Piero Boccardo. Castello a néanmoins un style personnel et reconnaissable : des espaces emboîtés les uns dans les autres, une perspective démonstrative tracée au moyen d’une profusion de lignes droites à la règle, un amour des détails prosaïques et pittoresques (tabouret, panier de couture, brasero, soupirail muni de barreaux, pavements etc).
- Wannenes, 29 mai 2019, lot 499, plume et encre brune, lavis brun, 230 x 170 mm, 1586.
- Christie’s, Rome, 24 mai 1988, lot 360 (une paire) et 9/12/2010, lot 1008 (une paire), 1586, alors attribués à Giovanni Battista Castello le Bergamasque (1500/09 – 1569/79), homonyme et contemporain de notre artiste avec lequel il est souvent confondu.
- M. Newcome, « Giovanni Battista Castello », Arte Cristiana, 1995, n° 768, illustré p. 202, fig. 8.
- E. de Laurentiis, « Giovanni Battista Castello “il Genovese” », I fiori del Barocco. Pittura a Genova dal naturalismo al rococò, catalogue d’exposition, Gênes, Cinisello Balsamo 2006, p. 74-75, n° 19.
- Idem.
- Christie’s Londres le 7 juillet 1981, lot 32 puis comme Castello (Niccolo) Granello chez Koller, Zurich, le 22 mars 2016 (tempera sur papier contrecollé sur bois, 242 x 183 mm, daté 1589 en bas à gauche).
- Wannenes le 5 mars 2020, lot 952 (tempera sur parchemin, 230 x 180 mm), dans un lot de cinq miniatures (lot 951-955) : Elena de Laurentiis les a identifiés comme la série léguée par l’artiste à son fils premier né, Giovanni Gregorio, comme en fait mention son testament du 24 février 1638 « una vita di Nostra Signora dipinta in 20 quadretti di miniature destinate al figlio Gregorio ».
- Voir E. de Laurentiis, « Il pio Genoveses Giovanni Battista Castello », Alumina. Pagine miniate, 37, avril-juin 2012, p. 27 et 29 : Giovanni Gregorio Castello, fils aîné de l’artiste, est baptisé le 16 mars 1586, sa marraine est la peintre Sophonisba Anguissola, elle aussi très proche de la cour d’Espagne. Parti pour la Sicile en 1608, il fit fortune et devint comte.