Busca
Antonio
Milan 1625 — 1686
Études de femmes et d’enfants (recto);
Séléné apparaissant à deux figures drapées agenouillées (verso)
Pierre noire, craie blanche sur papier gris.
Au verso, inscrit Diana … en bas au centre
et numéroté 766 en bas à droite.
268 x 198 mm (10 9⁄16 x 7 13⁄16 in.)
En son temps respecté en tant qu’artiste et professeur, Busca fut rapidement oublié, notamment à cause de la destruction de beaucoup de ses œuvres, majoritairement religieuses. La bibliographie qui le concerne est assez mince : les habituelles sources de l’histoire de l’art lombard, parmi lesquelles les auteurs Carlo Torre, Francesco Bartoli, Servilio Latuada1 et encore Luigi Malvezzi2, le citent régulièrement mais il faut attendre l’article publié en 1959 par Giacinta Rossi pour que ses travaux les plus importants soient enfin étudiés3. Élève de Carlo Francesco Nuovolone, Antonio Busca semble avoir travaillé sous la direction d’Ercole Procaccini à plusieurs chantiers décoratifs à Milan et Turin. L’œuvre la plus notable de cette époque est L’Érection de la croix, effectuée pour la chapelle de la Crucifixion dans l’église San Marco de Milan, où Busca travaille en compagnie de Johan Christoph Storer, Guglielmo Caccia dit Il Moncalvo et Luigi Pellegrino Scaramuccia.
En 1664, il est chargé d’exécuter le décor à fresque de la chapelle San Siro de la Chartreuse de Pavie et, en 1669, il décore la chapelle Arese à San Vittore à Milan. Cette même année, il est choisi avec d’autres artistes pour organiser la réouverture de l’Académie de peinture de l’Ambrosiana (fermée à la mort de Federico Borromeo en 1631) dont il est élu « maître de peinture », c’est-à-dire directeur. C’est aussi lui qui est chargé de peindre le décor des portes de l’entrée de cette Académie. Ce rôle institutionnel témoigne que la notoriété dont il jouissait à l’époque était au moins égale à celle d’artistes aujourd’hui plus connus, tels que Stefano Maria Legnani, Andrea Lanzani et Filippo Abbiati. Il est ensuite chargé de réaliser un grand cycle de fresques dans le sanctuaire du Sacro Monte à Varese, dans lequel Giacinta Rossi reconnaît l’influence de Giulio Cesare Procaccini.
Les dessins de Busca font preuve d’une aisance et un style hérités des Procaccini et s’inscrivent dans une tradition graphique lombarde certaine, notamment par l’usage des papiers colorés. Cette feuille n’est pas reliée à une œuvre peinte connue mais sa comparaison avec d’autres dessins par cet artiste ne laisse aucun doute sur sa paternité.Nous pouvons citer deux feuilles d’un style très proche conservées aux Galeries de l’Académie à Venise : La Vierge à l’enfant avec saint Dominique et saint Pierre martyr (Inv. 737) et une scène au sujet non identifié, avec des femmes et des enfants, très proche de la nôtre (Inv. 684). Tous deux sont sur un papier coloré et tracés d’une manière graphique identique, les types physiques ronds et les drapés un peu lourds très reconnaissables. Parmi les nombreuses feuilles de cet artiste à l’Ambrosiana, dont peu sont en rapport avec des œuvres peintes, deux méritent d’être citées à titre de comparaison : La Vierge et l’enfant sur des nuages (Inv. 6783) et Personnages dans des bois (Fig. 1), deux feuilles dont l’écriture est encore plus schématique que dans la nôtre. Le type physique des enfants, trapus avec de grosses têtes, est tout à fait caractéristique. Il faut noter que la majeure partie des feuilles de Busca qui nous sont parvenues sont des études de figures, des morceaux de composition, dont il est difficile d’identifier le sujet.
- Carlo Torre, Il ritratto di Milano, Milan, 1714 (première édition en 1674), p. 51, 130, 145, 160, 197, 204, 239, 255, 286, 365.) ; Francesco Bartoli, Notizia delle pitture, sculture, ed architetture (…) d’Italia, Venise, 1777, p. 137, 178, 184, 211,215, 223, 227, 238 ; Servilio Latuada, Descrizione di Milano, Milan 1737, I, p. 91.
- Luigi Malvezzi, Le glorie dell’arte lombarda, Milan, 1882, p. 219, 221, 226, 238, 268, 277, 280.
- Giacinta Rossi, « Notizie su Antonio Busca », Arte lombarda, 4.1959, 2, 314-322