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Lalaisse

François-Hippolyte

Nancy 1810 — Paris 1884

Vue de forêt

Aquarelle et gouache, gomme arabique.
166 x 290 mm (6 1/8 x 11 7/16 in.)

Provenance

Un album contenant plusieurs œuvres de Lalaisse, certaines signées d’autres non.

Élève de Nicolas-Toussaint Charlet (1792-1845), et son collaborateur en tant que professeur de dessin à l’École polytechnique entre 1839 et 1877, François-Hippolyte Lalaisse expose plusieurs tableaux au Salon de 1845 à 1874. Il se consacre abondamment au dessin et à la gravure d’illustration, notamment des costumes militaires comme le montrent les aquarelles conservées au musée de l’Armée. Comme son professeur Charlet, Lalaisse s’intéresse à ses contemporains et à leurs mœurs plus qu’à ceux de l’Antiquité, mais paradoxalement, il appartient aussi à un mouvement de rejet de la modernité. Son voyage en Bretagne et les études de costumes qu’il en rapporte s’inscrivent dans ce mouvement contraire : l’intérêt pour l’homme de son temps, mais également l’homme de la tradition, du terroir. Le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerrané de Marseille (MUCEM) conserve un très bel album d’aquarelles réalisées lors de son séjour breton, que l’artiste utilisera par la suite pour réaliser un ensemble de lithographies intitulé La Galerie Armoricaine : costumes et vues pittoresques de la Bretagne, édité à Nantes, chez Charpentier père et fils en 1848. Lalaisse se fait une spécialité des costumes traditionnels qu’il illustre dans des ouvrages comme celui-ci ou comme La Normandie Illustrée (Paris, Charpentier, 1852) ou des suites de costumes militaires par exemples. Ce travail d’illustration des costumes et modes de vie locaux sera une source précieuse pour les chercheurs en culture celte, très à la mode au XIXe siècle. De la même façon, recherchant l’actualité plutôt que l’antiquité ou peut-être, comme Eugène Delacroix « l’antiquité vivante », l’artiste voyage dans les années 1850 en Afrique du Nord, notamment en Algérie, et en Turquie, d’où il rapporte de nombreuses études et aquarelles. Comme son ami Géricault, Lalaisse est aussi un inlassable dessinateur et peintre de chevaux.

Ces études de paysages ont fait partie d’un album de dessins contenant un ensemble d’œuvres de Lalaisse. Le dessin de paysage est un aspect peu connu de son activité graphique, mais qu’il n’a pu manquer de le pratiquer puisqu’il s’y adonne avec talent en peinture, ne serait-ce que pour l’arrière-plan de ses tableaux. Ces deux aquarelles témoignent d’un sentiment de la nature assez extraordinaire et d’une facture pleinement romantique. La maîtrise des différents verts dans Vue de forêt, posés au pinceau en petites touches qui modulent les effets lumineux, mais aussi l’élégance du dessin des troncs d’arbres et l’intelligence du rendu des frondaisons montrent l’étendue du talent de l’artiste en matière de paysage. De même la Vue de mer fait preuve d’un sentiment intense des éléments. Le rendu du mouvement des vagues et des gerbes d’écumes qui se brisent sur les rochers par des effets maîtrisés de gouaches blanches, mais aussi la distribution de l’aquarelle grise et bleue dans le ciel pour dessiner les nuages qui filent et s’entremêlent en font un petit paysage sonore et vivant qui captive le spectateur. Tout aussi remarquable est la restitution du phénomène de condensation en une brume blanche qui nappe la ligne d’horizon par un mélange de réserve et de gouache estompée, peut-être à l’éponge.