Home 5 Œuvres 5 Dessins 5 Alberti Cherubino

Alberti

Cherubino

Borgo San Sepolcro 1533 — Rome 1615

Étude anatomique d’un homme assis
avec étude subsidiaire d’un torse masculin

Sanguine, lavis de sanguine.
200 x 135 mm (7 78 x 5 516 in.)

Provenance

Londres, Sotheby’s, 7 décembre 1976, lot 31: un album de 26 pages, en lien avec la décoration de la Sala Clementina ; collection privée.

Fils du sculpteur et menuisier Alberto di Giovanni, Cherubino et Giovanni Alberti sont d’abord formés auprès de leur père qui travaille pour les Médicis à Florence. Ses bonnes relations avec des artistes aussi importants que Giorgio Vasari sont probablement cruciales pour la carrière de ses fils qui l’accompagnent quand il s’installe à Rome en 1564 au service, entre autres, du cardinal Ugo Boncompagni (le futur pape Grégoire XIII, grand patron des arts). Son journal donne une description détaillée de son activité romaine entre 1572 et 15761. À Rome, ses fils découvrent les vestiges antiques, qu’ils copient abondamment. C’est aussi là que Cherubino aurait appris la gravure, auprès de Cornelis Cort selon certaines sources. Il développe une intense activité de graveur jusqu’à la fin des années 1580, travaillant d’après les frères Taddeo et Federico Zuccaro, mais aussi d’après Andrea del Sarto, Polidoro da Caravaggio, Rosso Fiorentino, Marci Pino, Pellegrino Tibaldi etc. Le corpus de ses œuvres gravées contient 189 planches.

À partir des années 1580, il se consacre plutôt à la peinture et sa première œuvre documentée est le décor peint de la façade de la Bibliothèque du Vatican en 1587 (aujourd’hui disparu). Il travaille principalement à Rome où il devient l’un des peintres officiels de Clément VIII. Il reçoit des commandes pour des décors peints, les plus connus étant ceux de la Sala Clementina au palais du Vatican, réalisés entre 1596 et 1598 en collaboration avec son frère Giovanni et, selon certaines sources, Baldassare Croce : au centre, dans l’ouverture feinte du plafond illusionniste, saint Clément est dépeint en gloire, entouré de nombreuses vertus et de grands cartouches contenant les armes papales. À Rome, Cherubino peint aussi des décors comme ceux de la voûte de la chapelle Aldobrandini à Santa Maria sopra Minerva en 1606, de la sacristie de San Giovanni in Laterano, de la chapelle majeure de San Silvestro du Quirinale mais aussi des églises de Santa Maria del Portico et Santa Maria in Via Lata, autant d’œuvres qui témoignent de son attachement aux principes esthétiques du maniérisme tardif. En 1611, il est fait principe de l’Académie de Saint-Luc.

En plus de sa carrière romaine, il travaille à Pérouse (1587), à Florence (1589) et à Naples (1593). Dans sa ville natale de Sansepolcro, il peint des façades, aujourd’hui disparues, mais aussi des fresques comme celles sur la vie du Christ pour l’oratoire de la compagnie du Crocifisso. Il meurt le 28 octobre 1615 à Rome où il est enterré à Santa Maria del Popolo.

Dessinateur prolifique, Cherubino a laissé de nombreuses feuilles, des copies d’études d’après les maîtres ou des études préparatoires à ses gravures de diffusion, mais aussi des dessins d’invention. Imprégnées de l’art graphique des Zuccari et des grands maîtres du début du XVIe siècle, les feuilles d’Alberti se distinguent par un trait plein d’aisance, une fluidité de la plume et du lavis, mais aussi un usage gracieux et virtuose de la sanguine. L’Istituto Nazionale per la Grafica à Rome conserve un album contenant de nombreux dessins par Cherubino et Giovanni, dont il n’est pas toujours aisé de distinguer les mains. Dans notre feuille, l’anatomie michelangelesque semble assez caractéristique de Cherubino. Elle provient d’un album passé en vente publique en 1976 qui contenait de nombreuses études en lien avec la Sala Clementina. Il peut donc s’agir de premières pensées pour les ignudi du décor.

  1. Dijon, musée des Beaux-arts, Inv. 1994.4.1. Voir Marguerite Guillaume, « Un « journal » retrouvé : Alberto Alberti », Bulletin des musées de Dijon, n° 1, 1995, p. 17-32.