Carlo Bossoli
Carlo Bossoli
Lugano 1815 – Turin 1884
Night View of St. Petersburg, the Smolny Convent from the Banks of the Neva, recto; various studies, verso
Gouache heightened with pastel
Signed C. Bossoli at lower left, inscribed and dated Londra 1859 on the verso
266 x 457 mm (10 1/2 x 17 15/16 in.)
Provenance
Private Collection.
Bibliographie
Ada Peyrot, Carlo Bossoli, Luoghi, personaggi, costumi, avvenimenti nell’Europa dell’ottocento, visti dal pittore ticinese, Turin, Topografica Torinese editrice, 1974, p. 403, n° 781, illustré p. 405.
D’origine suisse, Carlo Bossoli grandit en Ukraine, à Odessa, où sa famille avait émigré dans les années 1820. Employé très jeune encore comme assistant chez un marchand de livres et de gravures, il y apprend le dessin en copiant d’après les maîtres. Remarqué par la princesse Élisabeth Vorontsova, femme du gouverneur de Nouvelle Russie et de Bessarabie, il peut entrer dans l’atelier de Rinaldo Naninni, peintre scénographe d’origine italienne, chargé du décor de l’Opéra d’Odessa. Son apprentissage auprès de cet ancien élève de Sanquirico lui permet d’acquérir pour toujours un sens remarquable de la composition et du spectaculaire.
En 1839-1840, les époux Vorontsov lui financent un voyage d’étude en Italie, à Rome et Naples. Proche de la communauté des artistes anglais installés à Rome, il perfectionne avec eux sa technique de l’aquarelle et de la tempera. De retour en Ukraine, il s’installe brièvement à Alupka et parcourt abondamment la région, réalisant de nombreux dessins de paysages, de scènes de rues, d’études de costumes et de villages. Dès 1844, cependant, il repart définitivement en Italie, ouvre un atelier à Milan puis à Turin, et voyage inlassablement partout en Europe.
Dès ses débuts, Carlo Bossoli se distingue par ses vues optiques ou panoramiques. Très vite, comprenant la curiosité du public pour l’étranger et les nouvelles politiques ainsi que les opportunités qu’offrent alors la lithographie, il produit des vues destinées à être publiées dans des albums commercialisés. Parmi les premières de ces entreprises, les Vedute della città di Torino de 1851 et la Galleria sulla linea ferroviara Torino-Genova de 1853 sont très appréciées. Ce sont peut-être les cinquante-deux vues de l’album The Beautiful Scenery and Chief Places of Interest Throughout the Crimea from Paintings by Carlo Bossoli qui connaissent le succès le plus décisif pour sa carrière : réalisées en 1854, pendant la guerre de Crimée, à partir de ses souvenirs et des nombreuses études dessinées dans les années 1840, elles sont admirées au point d’être collectionnées par la reine Victoria et le duc de Wellington. Engagé par le prince Oddone, Bossoli suit l’armée piémontaise entre 1859 et 1861 et réalise cent cinquante gouaches sur le sujet de la guerre, ce qui lui vaut d’être nommé « pittore reale di storia » de la famille royale en 1862. Dix de ces gouaches sont aujourd’hui au Museo Nazionale del Risorgimento de Turin.
Cette vue nocturne d’une barque traversant la Neva, devant le couvent de Smolny, est qualifiée à juste titre de « féérique » par Ada Peyrot, dans son catalogue raisonné des œuvres de l’artiste. De son voyage en Russie et dans les pays scandinaves en 1857, Bossoli rapporta de nombreuses études et esquisses qui lui servirent par la suite à composer diverses vues. Ainsi, cette gouache, réalisée postérieurement en 1859 à Londres, selon les inscriptions portées au verso, à l’aide de croquis faits sur place et de sa mémoire. Son livre de comptes recense aussi en 1858 un Panorama de Saint-Pétersbourg, vendu à Turin au marquis Alfieri pour 820 francs suisses, ainsi qu’un grand tableau représentant le monastère Smolny à Saint-Pétersbourg vendu à Londres, avec un autre tableau, pour 5 000 francs à Brassey[1].
L’ambiance nocturne et romantique, qui repose sur le sujet mais aussi sur le traitement de la lumière, est particulièrement réussie : la lueur diffuse de la lune dans les nuages, les étoiles scintillantes, les reflets de l’eau et de la coupole dorée, le réverbère unique allumé sur la berge, tout concourt à l’atmosphère de mystère qui enveloppe cette scène d’une nuit à Saint-Pétersbourg.
[1] Livre de compte de l’artiste publié par Ada Peyrot, op. cit. (bibliographie), p. 32.